Sur la route
Sur la route
PROJET PORTANT SUR L’INTIMITÉ, LA DISTANCE ET LES TRANSFORMATIONS QUI BOULEVERSENT LA VIE TERRITORIALE. EN MUTATION, LA DYNAMIQUE DU MILIEU DE VIE PREND UN AUTRE VISAGE AU REGARD DE ZONES DE PLUS EN PLUS FRAGMENTÉES, ET AVEC DE MOINS EN MOINS DE MILIEUX RECULÉS.
Imaginons un véhicule motorisé se déplaçant sur une route : un réseau routier, un chemin forestier, un sentier de motoneige , une ligne de transport d’énergie, un chemin multiressources. Il convoite un territoire entouré d’espaces naturels fondant comme peau de chagrin. Il n’est pas seul... Nomade, un animal va et vient, entravé. Aller là où l’instinct l’amène à une destination inconnue. Il se méfie de rien ; impossible de voir venir l’imprévisible engin désaccordé. Ça se produit très vite. La mort est arrivée telle une vague s’éclatant sur un rocher. Peut-être a-t-il simplement voulu en finir... Parce qu’il était affamé. Parce qu’il était affolé, comprenant que toutes les routes ne servent qu’à le sédentariser, le mécaniser. Dans l’insensibilité, sans la forêt et sans la mer. Suffoqué dans ce corps de chair hésitante.
Dès lors que nous dépendons entièrement de cette machine de survie bien calibrée qu’est le territoire, reposant lui-même sur sa biodiversité pour bien fonctionner, et dès lors que nous avons commencé à vivre le pire pour nous-mêmes, peut-être avons-nous compris que nous sommes en train de faire comme cet animal.
Certes, chacun à leur manière, les animaux comme les humains traversent aux mêmes intersections, à cet endroit précis, parfaitement synchrones. La main acérée du fatidique et de l’injustifiable s’y trouve. La forêt, leur maison, murmure. Les plantes, leurs sœurs, chuchotent. La rivière, leur mère, assourdit. Précises comme l’oeil du phare, aléatoires comme les bancs de brumes, nos empreintes s’impriment sur le territoire.